Mireille Oster raconte le Pain d’épices

Portrait de Chefs
  • Mireille Oster raconte le Pain d’épices

S’il est un châlet incontournable sur le marché de Noël de Strasbourg, c’est bien celui de Mireille Oster que les habitués aiment à surnommer amicalement la Reine du Pain d’épices et qui perpétue avec passion un savoir-faire familial vieux de 80 ans. Son sourire incarne à lui seul la douceur de vivre alsacienne et sa gentillesse nous a touchés. De ses voyages aux quatre coins du monde, cette ambassadrice de l’Alsace ramène des saveurs, des arômes et des ingrédients inédits qu’elle n’hésite pas à ajouter à ses recettes.

Ainsi, gingembre, citron, dattes et baies de Goji révolutionnent le Pain d’épices sans jamais ne rien concéder à la tradition. Au rythme des saisons, farine, miel, épices et beurre se mêlent en une parfaite alchimie, avec en prime un ingrédient dont elle seule a le secret : l’amour ! Dans sa boutique féérique de la Rue des dentelles, tout n’est que gourmandise et invitation au voyage, avec pour devise "Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c’est d’y céder" ! Récit d’une rencontre gourmande avec cette grande dame de la pâtisserie alsacienne…

Mireille Oster, comment êtes-vous tombée dans la marmite ?

Mes grands-parents ont commencé à fabriquer du Pain d’épices en 1933 et je me souviens que quand je partais au pensionnat de la Doctrine Chrétienne, ils me disaient toujours : « Si tu es sage, tu viendras nous donner un coup de main au marché de Noël le week-end ». C’était la récompense suprême ! Le pain d’épices est une tradition familiale chez nous.

Racontez-nous les origines du Pain d’épices.

L’origine du Pain d’épices est chinoise, au Xème siècle, on fabriquait un pain de miel surnommé Mi-Kong, qui était un aliment et non une pâtisserie. Puis après avoir été acheminé pendant cinq siècles sur la route des épices, le Pain d’épices est importé en Alsace par l’évêque arménien Grégoire. D’ailleurs la composition du Pain d’épices est proche de celle du papier d’Arménie avec le miel en plus. C’est un siècle plus tard, en 1570, que la corporation des Lebkuecher propose ces dou-ceurs épicées au bon goût de miel sur le premier Christkindelsmärick de Strasbourg. Au départ, les femmes alsaciennes cuisinaient le Pain d’épices dans les maisons pour les assainir. Le Pain d’épices vient donc de l’Est, la Croatie l’a même inscrit au Patrimoine National de l’UNESCO.

Comment définiriez-vous l’esprit de Noël alsacien ?

L’esprit de Noël, ce sont avant tout des odeurs, celle du sapin qui embaumait la Place Broglie durant mon enfance, celle bien sûr des épices pour le Pain d’épices que l’on cuisait traditionnellement à Noël mais aussi celle du vin chaud qui envahit le marché de Noël dès le début du mois de décembre. Ce sont aussi les chants de Noël que entonnés en famille à la cathédrale avant la messe de minuit. Et bien sûr le repas qu’on passe ensemble et la couronne en sapin avec la première bougie que l’on allume le premier dimanche de l’Avent dans l’attente de la renaissance.

Quels produits spéciaux confectionnez-vous durant la période des fêtes ?

Nous fabriquons beaucoup plus de pains d’épices à base de fruits secs, de fruits confits ou séchés car c’est une période durant laquelle il fait froid et on a besoin de quelque chose qui tienne au corps. Il ne faut pas oublier que le sucre est l’aliment du cerveau, nous devons donc en consommer suffisamment durant tout l’hiver !

Quelle est votre recette du bonheur ?

Elle est simple, elle tient en un mot : Aimer !!!

mireille-oster.com